Depuis 1947, un certain nombre d’officiers allemands avaient en effet demandé eux aussi à pouvoir travailler en France[441] bien que leur candidature ait été systématiquement rejetée eu égard à la circulaire d’avril 1947. Comme le souligne Joseph Rovan[486], plus la période de captivité a été longue, plus la réinsertion est difficile. Mais le ministère de la Santé et de la Population semblent prendre fait et cause pour les municipalités : il confirme le plus souvent leur refus d’introduction familiale[449]. En mars 1945, Raymond Aubrac, grande figure de la Résistance, est nommé, par le GPRF, directeur du déminage. Comme le redit autrement l’historienne Régine Robin, si l’histoire est « ordonnée à la construction de la vérité », la mémoire l’est « à la construction d’une identité collective »[498]. Bien que, comme nous l’avons vu, la circulaire ministérielle du 15 avril 1947 relative au Travail libre, ait banni leur candidature, le Ministre de la Guerre propose en juin 1948 que soit prises en compte les candidatures des SS non impliqués dans des crimes de guerre[443]. Ce geste de « repentance » de la part du travailleur libre consistant à se faire remplacer par un compatriote ne semble pas un phénomène isolé puisqu’à l’hiver 1948, le ministère de l’Intérieur donne des instructions claires en ce qui concerne l’arrestation d’Allemands entrés illégalement en France et en possession des papiers de travailleurs libres demeurés en Allemagne. Autre preuve du désintérêt des autorités pour l’organe de presse, le Ministère du Travail hésite à reprendre son financement, lorsque prend fin celui versé jusque là par le Ministère de la Guerre, au second semestre 1947. Les prisonniers connaissent une vie fort différente en fonction du secteur économique où ils sont affectés : l’affectation dans un commando minier ou industriel impose une vie de camp drastique tandis que le travail dans les commandos communaux ou agricoles offre une « grande » liberté. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/86, Proposition de réponse à la délégation soviétique proposée par GFCC Berlin à CGAAA Paris, « Retransmission de télégramme arrivé chiffré », 22 novembre 1947. Ce « type prodigieux » semble, après la guerre, avoir eu sous sa responsabilité de la main-d’œuvre prisonnière allemande, main-d’œuvre avec laquelle il s’est montré particulièrement avenant ; il a été jusqu’à communiquer l’adresse de son domicile, à Tours, aux prisonniers. Cette opposition constante de l’Église catholique a probablement constitué l’une des principales sources de pression qu'a eu à subir le gouvernement français. Dans un pays à reconstruire, la région subit le dirigisme socio-économique de Paris. Les captifs en mains dépassent largement le nombre de captures initialement prévu. Cette situation critique est propre à la fin de la guerre et elle résultait principalement d’un manque d’organisation. Pour la France libérée, aller de l’avant nécessitait donc de moduler ces souvenirs par trop douloureux pour la conscience nationale. Avant d’aborder les modalités de libération de la grande majorité des Allemands, il est à souligner le régime d’exception dont bénéficient les PG originaires de la Sarre. Quoi qu’il en soit, son témoignage confirme la « douceur de vivre » dont bénéficient ces PG ruraux : « Huit mois de faim, de coups et d’humiliation, tissés dans des barbelés, n’avaient-ils pas disparu comme s’ils n’avaient jamais existé ? Pourtant, quelques jours avant que ne soit rendue publique leur décision, rien ne laissait présager, de la part des Américains, ce qu’il faut bien appeler une « volte-face ». Achat Ww2 Gamelle Du Soldat Allemand 1945 pas cher. Il quitte le dépôt auquel il est rattaché et se met au service de ce premier employeur durant cinq mois, avant qu’on ne lui propose de travailler pour un autre employeur, sitôt que soit avéré que le premier ne respectait pas les obligations relatives à la durée hebdomadaire maximale du travail. Contrairement à ce que nous verrons, les autorités britanniques sélectionnent prioritairement les dossiers des candidats célibataires ; ceux des hommes mariés ne le seront qu’en cas d’effectifs insuffisants. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/84, Courrier du Ministre de la Guerre au Ministre du Travail, « Classement dans l’économie des PG transformés », 27 mars 1947. Pourquoi cet intérêt pour la Sarre ? La France est accusée de laisser leurs compatriotes dans le dénuement le plus complet, de les sous-alimenter et on lui reproche d’interner ces prisonniers avec les Allemands. Les dépôts eux-mêmes disposent de services annexes : nous avons ainsi vu qu’en août 1945, au cœur de la crise, les autorités obligent chaque dépôt à s’équiper des structures médicales adéquates ; chaque camp de prisonniers est censé disposer d’une infirmerie et chaque dépôt d’un lazaret. Outre les lenteurs inhérentes à la bureaucratie, ce problème des avoirs a peut-être également pu trouver son origine dans l’attitude d’employeurs peu scrupuleux, profitant des libérations pour retenir une partie du salaire de leurs anciens employés, employeurs peu scrupuleux au nombre desquels figurent notamment les communes rurales. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), cote 770623/86, Courrier du général Buisson au directeur général de la main-d’œuvre et du travail, M. Maillet, « Transfert en France des PG d'Autriche », 28 juin 1947. Enfin, de nombreux clichs d'poque et des reconstitutions illustrent les changements d'apparence graduels du soldat allemand au combat. L’heure est à la réconciliation franco-allemande et l’ennemi d’hier peut être amené à devenir un allié potentiel face aux puissances du pacte de Varsovie. Les exemples de prisonniers sereins entretenant de bons rapports avec la population française, en-dehors de tout cadre contraignant comme celui précédemment évoqué, ne sont néanmoins pas rares. Archives départementales de la Nièvre (Nevers), extrait de la circulaire. Sell one like this. Dans les camps miniers et de déminage, nous l’avons vu, un « homme de confiance » était démocratiquement élu. Avant sa dissolution en août 1945, elle publia 63 numéros de la revue Volk und Vaterland. Explorer par catégories. Ainsi, en mars 1947, ceux-ci réclament la libération avant octobre de la totalité des 450 0004 prisonniers qu’ils ont livrés[381]. Celui qui signait pour entrer dans la Légion étrangère française pouvait aussitôt quitter le camp »[239]. C’est sur cette question de l’équipement que les désaccords portaient : le général Buisson, ne dédaignant pas l’emphase sinon un certain cynisme, fit appel aux valeurs humanistes des États-Unis, arguant qu’il serait dommage que des prisonniers sous-équipés meurent cet hiver. Les centaines de PGA détenus en France pour délits de droit commun ont très probablement été concernés par ces mesures. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/90, Courrier du ministre du Travail à la radiodiffusion française, « Transformation de PG », 14 avril 1948. Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes) (archive citée par Grégory Philippe), Côte 7P40, Courrier du ministère de la guerre au ministre de l’intérieur, 27 novembre 1945. Et dans les deux cas, le souvenir de l’épisode a occupé a posteriori une place relativement faible, peut-être précisément du fait de sa possible atteinte à l’intégrité des valeurs républicaines. Ce climat « insurrectionnel » est attisé par les communistes. En revanche, J.-F. Eck a calculé que 0,37 % des dépenses de l’État furent consacrées aux PG en 1945 et que ce taux est de 0,5 % pour 1946. Des différences significatives existent au début de l’année 1946 entre les chiffres cités dans les instructions officielles et les chiffres réels : 1665 officiers doivent être affectés à la garde de PG d’après les instructions officielles, mais 1 376 le sont en réalité (dont 731 de réserves) ; 5 844 sous-officiers sont réellement présents au lieu de 6 009 annoncés (dont 2 000 de réserve) et surtout 13 638 soldats au lieu des 29 631 annoncés[195]. Si l’un de ces départements est à même de satisfaire le souhait de placement du PG, celui-ci peut changer de département si tant est qu’il soit d’accord. est sans doute celui de Charles Klein. En raison du poids des classes populaires, le Nord témoigne plus que d’autres départements de la fièvre insurrectionnelle qui s'empare de la France en ces débuts de Guerre froide. Toutefois, devant le flux de protestations des députés-maires et d’autres personnalités publiques, jusqu’à celle d’un Ministre de l’agriculture pourtant non directement concerné par la mesure[273], le Ministre du Travail accepte, au début de l’été 1947, de prolonger certains de ces commandos jusqu’au 1er octobre 1947[274]. Ce médecin colonel alerte le commissaire de la République : depuis le 13 juillet, de plus en plus de PG arriveraient dans un état lamentable. Quoi qu’il en soit, au cours de la période 1943-1948 on estime que 1 037 000 prisonniers de guerre – à 90 % allemands – sont passés en mains françaises. Ceux-ci s’intéresseraient surtout – eux aussi – à l’hypothèse d’un prochain conflit américano-soviétique. INDIVIDUS. L’auteur du rapport considère néanmoins que la plupart des prisonniers semblent renoncer au nazisme. Pour ce qui est des conditions d’hébergement, les trois quarts des 179 prisonniers dorment à même le sol puisqu’il n’y a que 50 paillasses et couvertures. Du reste, l'un des graphiques cités dans l'article montre clairement que les effectifs de PG en région parisienne ont été, au moins au cours de la dernière année de captivité, bien moindres que ceux affectés en province. Ces derniers percevront désormais la même rémunération que les travailleurs français. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/86, Plusieurs documents présents dans ce versement suggèrent de recruter des travailleurs libres auprès d’anciens prisonniers allemands détenus par les Britanniques, que ce soit en Allemagne occupée ou en France lors d’éventuels transits, en France, de PGA en cours de libération. Il est plus difficile d’estimer le nombre d’engagés et au-delà, de mesurer l’efficacité de cette campagne de recrutement. Dès lors, la relance de l’extraction est la priorité des autorités, la « bataille du charbon » est déterminante pour le redressement du reste de l’économie nationale ; c’est à ce moment que le communiste Maurice Thorez, s’adressant aux mineurs, fait appel au fameux « devoir de classe »[68]. Par ailleurs, à l’instar du processus de concurrence des mémoires, les spécialistes de la période guerre et après-guerre se sont naturellement intéressés aux autres événements de l’après-guerre – occupation, guerre froide, guerres coloniales –, des événements d’autant plus intéressant à étudier qu’ils nourrissent, aujourd’hui encore, polémiques et controverses. Outre l’étude des archives et de la presse de l’époque, l’équipe s’est attachée à récolter des témoignages : ceux d’une quinzaine d’anciens prisonniers auxquels s’ajoutent ceux de civils et de militaires français témoins ou acteurs de l’événement. Est-ce que l’on retrouvera du travail au pays ? C’est ainsi que fin 1947, le ministre de la Santé rappelle que le statut de « travailleur libre » ne saurait s’appliquer aux médecins et dentistes, jugeant que ces professions ne souffrent pas de pénurie. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770810/2, courrier du directeur général de la Direction Générale des Prisonniers de Guerre au chef d’État-major de l’armée, 8 mars 1946. Toujours est-il que selon Monsieur Herrou, l’entente entre tous les membres de l’équipage était des meilleures ; la vie en mer et les nécessaires promiscuité et solidarité qui l’accompagnent peuvent peut-être l’expliquer. Les tentes pointues ou les baraques tentes (...) ne présentaient aucune protection contre les balles. Le redressement de l’économie de cette région a dû être d’autant plus important aux yeux des autorités françaises qu’elle possède de nombreuses ressources charbonnières. Il est dès lors difficile de dresser un bilan économique fiable de la présence des PG dans la France de l'après-guerre. Rédigé début 1946, le document du Quai d’Orsay est une prévision de l’apport économique qu’on peut attendre du travail des PG, pour cette même année[401]. Le chiffre impressionne. Je peux rentrer. Pour lui, cette désinformation n’a d’autre but que d’attenter à la paix en Europe. IC = ((salaire de comparaison x 300 jours) / 365 jours) – éventuels frais déductibles (nourriture, entretien, garde). Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38631/1, courrier du ministère de la Guerre, 26 juin 1945. En novembre 1947, face au nombre insuffisant d’immigrants travaillant dans les mines des deux régions et face au peu d’empressement des Charbonnages de France à engager des mineurs autres qu’allemands, le gouvernement consent, à la demande du ministre du Commerce et de l’Industrie, à affecter aux industries minières de l’Est des travailleurs libres allemands ainsi qu’à procéder à l’installation des 1 000 familles de ces derniers[452]. Expéditeur probable : Ministère du Travail, Courrier à M. Chausson, député, 15 janvier 1947. Toujours est-il que, selon l’abbé Deriès, les conditions de vie s’améliorent dès octobre 1945. Il est prévu de livrer 60 000 Allemands dès ce mois et 100 000 en mars. Picture Information. Du reste, si l’on en croit Jean-Pierre Rioux, le nouveau rapport des Français à la mémoire, advenu dans les années 1970 et 80 avec notamment la disparition des mémoires communiste et gaulliste – celles qui structuraient et encadraient la mémoire dans son ensemble[523] – ne saurait rendre ce contexte plus favorable. Toutefois, le 11 octobre 1945, la question de l’habillement des prisonniers est tranchée : l'habillement sera directement à la charge de la Direction Générale des Prisonniers de Guerre, autrement dit à la charge du ministère de la Guerre. Pour comprendre la position et l’action des autorités soviétiques, il convient d’évoquer un événement méconnu, directement né du contexte de la Guerre froide, et en prise directe avec la question des PGA. Dans les faits, les autorités françaises ont conclu un accord relatif aux libérations des PGA avec les Américains le 12 mars 1947. À l’évidence, les autorités françaises ne manifestent aucun empressement. Quoi qu’il en soit, à l’opiniâtreté des autorités françaises à minimiser leur responsabilité et à réclamer la reprise dans les plus brefs délais des livraisons et à la virulence du ton de la presse internationale, on mesure à quel point le désaccord a été vif entre Américains et Français et surtout, combien les PG étaient jugés « vitaux » pour l’économie française. La France, État républicain, semble difficilement reconnaître les fautes ou les crimes imputables à l’État. Ils pourraient également accorder une certaine importance aux témoignages. Retour dans ma famille qui a tout perdu pendant la guerre et qui envoie en formation l’aîné de ses six enfants. L’amplification de ces craintes se comprend facilement en ces temps de pénurie[135]. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/85, Courrier du Ministre du Travail aux préfets, inspecteurs divisionnaires du travail et la main-d’œuvre, directeurs départementaux du travail et de la main-d’œuvre, directeurs régionaux des PG, commandants de dépôts militaires, 26 janvier 1948. Preuve de la valeur toute relative de ces témoignages, un témoin rencontré, Helmut Evers, considère pour sa part que la situation matérielle était bien meilleure lorsque le camp de Thorée (Sarthe) était sous contrôle américain que lorsqu’il fut, par la suite, délégué aux autorités françaises[24]. A l'aube de la Première Guerre mondiale, en Allemagne, chaque homme, entre ses 17 et ses 45 ans accomplis, est soumis au service militaire obligatoire. Dès lors qu’une partie de l’histoire s’écrit à la barre, pourquoi s’intéresser, étudier et publiciser un épisode pour lequel aucune demande de réparation n’a, encore, été déposée ? L’emploi de PG par les particuliers était également ouvert aux étrangers résidant en France[270]. Pour ce faire, il faudrait probablement accéder aux archives du Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes), les archives départementales n’ayant conservé que des recensements épars et irréguliers. Les deux cas susmentionnés du devenir mémoriel d’épisode historique (la mémoire du régime de Vichy et celle de la guerre d’Algérie) se distinguent l’un et l’autre par une différence majeure : si personne ne reconnaît plus la légitimité du gouvernement de Vichy, d’aucuns soutiennent aujourd’hui[Quand ?] Mais il a pu être muté ailleurs entretemps. Un événement susceptible d’entacher l’histoire de la France libérée, de fournir aux Allemands le statut de victimes, de raviver certains antagonismes et de donner à la guerre un souvenir plus équivoque, tel que celui constitué par la détention des PGA en France, constituait, par conséquent, un souvenir embarrassant et de fait, à moduler. Ainsi, d’après un article paru en septembre 1948 dans le Rheinische Post, un quotidien démocrate-chrétien, les prisonniers allemands seraient trompés, exploités et escroqués sur leurs salaires sous couvert d’une législation complexe[398]. Ainsi, certains commandos, de par leur nature, forçaient l’entente franco-allemande. Or le contrat signé par la plupart des anciens prisonniers allemands devenus travailleurs libre en France court jusqu’en 1949. Le « syndrome de Vichy » – pour reprendre les mots de Henry Rousso – illustre particulièrement bien ce problème de la mémoire française[28]. Ce régime d’exception est naturellement motivé pas des considérations politiques, à savoir la crainte que ne soit affectée la composition ethnique de la population d’Alsace-Lorraine. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, rapport au commissaire de la République de Lille, 21 juin 1945. Dir. Pendant cette période une seule tentative d’évasion, qui fut réprimée si férocement par le groupe, qu’il fallait le séparer de ses camarades et le ramener à Saint-Malo ». Ainsi, une partie des travailleurs libres allemands se verront proposer, par les autorités françaises, leur rapatriement en Pologne, dans le cas où ils en sont originaires, avant la fin de l’année 1948, bien que leur contrat de travail courait jusqu’en 1949, sous prétexte que plus aucun convoi d’(anciens) prisonniers de guerre à destination de la Pologne n’aura lieu passé cette échéance. Renouant avec ses habitudes, le ministère du Travail demande que des plans efficaces de mise au travail soient élaborés par les autorités régionales dès la reprise des livraisons en février. En 1949, 40 % des 130 000 travailleurs libres, soit un peu plus de 50 000 hommes, n’ont pas « utilisé leur faculté de rentrer en Allemagne » au cours des premiers mois qui ont suivi la fin de leur contrat de travail d’un an. Le Ministère du Travail, par ses efforts, a largement contribué au succès du programme du Travail Libre. Anecdote cocasse illustrant la liberté et le confort de la situation dans laquelle évoluent les PG affectés aux commandos agricoles ou aux commandos communaux de bourgs, Helmut Evers eut l’occasion, en tant que prisonnier chargé d’effectuer d’assurer divers travaux de maintenance technique, de réparer la sonnette du château périgourdin dans lequel résidaient Joséphine Baker et ses enfants mais aussi et surtout, d’être invité à partager leur table[24]. Doit-on y voir la défense d’intérêts corporatistes ? La France doit soit procéder au rapatriement des travailleurs libres considérés comme prisonniers de guerre par les Soviétiques avant le 31 décembre 1948 au risque pour la France de perdre cette main-d’œuvre, soit inviter ces travailleurs allemands à demeurer en France jusqu’à l’issue de leur contrat, en 1949, au risque, pour eux, de se revoir définitivement interdits de séjour dans la nouvelle Allemagne de l’Est[389]. De même, à partir de 1948, en dépit de la directive d’avril 1947, les PG ayant été condamnés par la justice puis libérés sont autorisés à se porter candidats au travail libre[439]. Ainsi, sans même en avoir averti les autorités françaises, les États-Unis transfèrent des centaines de milliers de PGA dans des camps sous contrôle américain en France ; certains PG traversent même plusieurs fois l’océan atlantique au gré des besoins économiques des pays demandeurs en prisonniers de guerre. Le premier graphique témoigne d’une grande dispersion des effectifs : cette dispersion est probablement pour partie dictée par les impératifs des semaines suivant la fin de la guerre mais elle est surtout due à un défaut de coordination. La France compte alors encore 630 000 prisonniers allemands certaines sources, 408 535 selon le ministère des forces armées en France métropolitaine. Le médecin juge la proportion de prisonniers inaptes à tout travail considérable. L’infortuné travailleur clandestin sera arrêté, condamné à une peine de prison ferme avant d’être expulsé. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 57W43529/27, courrier du ministre de la Production industrielle à l'inspecteur général de la Production industrielle à Douai, 23 novembre 1945. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Z 22, courrier de l'ambassade de France à Washington au ministère des Affaires étrangères, 12 octobre 1945. Dir. Soldats français prisonniers. Que faire de ces millions d’hommes ? Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/88, Courrier du ministre des Forces armées au ministre du Travail, « Retrait des PG employés dans l'agriculture », 26 décembre 1947. Mais c’est à partir des côtes normandes que les troupes alliées ont entamé la Libération de la France. Parmi les réactions, celle des États-Unis est de loin la plus ferme puisqu’elle a abouti à la suspension de toute livraison. Philippe Boutté estime qu’une dizaine de milliers de ces « optants » au travail libre abuseront de ce congé pour ne jamais revenir en France. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/85, Courrier du Ministre du Travail aux directeurs départementaux du travail et de la main-d’œuvre, « Commandos communaux », 9 février 1948. Au total, ce sont là les 600 000 prisonniers manquants que les Américains prévoient alors de livrer progressivement[183]. En effet, le ministère des affaires étrangères a dû rappeler en avril 1946 au ministère des finances que les avoirs versés et bloqués par le Trésor public doivent être rendus au plus vite aux prisonniers nouvellement libérés[478]. Beaucoup de camarades se sont laissés prendre et j’ai presque envie de me joindre à eux, mais un camarade plus âgé que moi me le déconseille et je reste »[238]. Il est vrai que quelques incidents sérieux, quoique occasionnels, se sont produits. Pas 1 PG pour le déminage. 978 972 PÉRIODE DE RECHERCHE. De plus, c’est dans l’armée qu’un certain nombre d’abus ont été commis : sévices, viols ; des accusations qui ont souvent été reléguées par la Croix-Rouge et dont certains exemples ont été susmentionnés. À titre de comparaison, un soldat français reçoit à l’époque 2 200 calories par jour. Les travaux ont démarré dès leur arrivée. Paul Ricœur identifiait et distinguait deux types de processus à même d’expliquer l’oubli ou l’altération du souvenir d’un souvenir : celui de « mémoire empêchée » et celui de « mémoire manipulée », voire « instrumentalisée ». Cet ancien PG garde notamment le souvenir d’un ingénieur qui avait collaboré, durant la guerre, au projet Todt. Néanmoins dans les faits, les livraisons cesseront dès juillet 1946 : les Américains argueront qu’ils manquent de main-d’œuvre en Allemagne[184],[185]. Le Comité international de la Croix-Rouge lui-même semble avoir donné son accord à l’utilisation de PG pour le déminage[214], bien que certains hauts fonctionnaires, dont le ministre du Travail, aient reconnu a posteriori qu’elle était contraire aux prescriptions de l’article 32 de la convention de Genève[215]. Ainsi, aux dires d’un PG ayant pourtant travaillé précédemment chez un agriculteur, le travail dans une filature, très probablement située dans l’Oise, offre des « conditions très supportables »[319]. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, courrier du ministère de la Guerre, 17 mai 1945. N’est-ce qu’à l’arrivée, on dénombre sept morts, alors même qu’un premier tri avait été effectué sur place pour sélectionner les plus robustes. Le ministre autorise donc les autorités départementales à faire appel au concours de tous les médecins du département, voire à accepter de soumettre l’optant à des médecins choisis et rémunérés par son éventuel futur employeur.
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